Étude comparative sur les services offerts aux vétérans dans d’autres administrations

Ottawa ON
Canada

Monsieur le Président, membres du Comité, bonjour.

Je vous remercie de m’avoir invité encore une fois à prendre la parole devant vous au moment où vous arrivez presque au terme de l’Étude comparative des services offerts aux vétérans dans les autres administrations.

Comme je l’ai mentionné le 1er mai, date à laquelle vous avez commencé vos audiences, j’estime qu’il est important d’examiner les mesures prises par d’autres pays pour soutenir leurs vétérans afin que le Canada se tienne au courant des pratiques exemplaires. À ce moment-là, j’ai également fait valoir qu’il était impératif de mettre au point des solutions canadiennes pour répondre aux enjeux et aux problèmes dans le contexte canadien. Je vous ai laissé avec trois éléments à prendre en considération pour évaluer la preuve entendue. Ces éléments sont le contexte, la conception complexe et les résultats.

Je vous ai donné quelques exemples de la difficulté à faire des comparaisons directes entre les pays étant donné que chaque pays conçoit et administre ses programmes de façon différente pour répondre à ses propres besoins nationaux, impératifs et réalités économiques. Je vous ai également présenté des diagrammes pour illustrer la complexité du système canadien qui soutient les vétérans afin de vous rappeler que tout changement lié à la conception doit viser à simplifier le système, et non à le rendre plus complexe. Pour terminer, j’ai abordé la nécessité d’obtenir des résultats clairement définis qui définissent l’état final que nous tentons d’atteindre. Si nous ne comprenons pas clairement les résultats attendus pour les vétérans, nous n’avons aucun point de repère pour déterminer si nous avons réussi ou non.

Vous avez maintenant les points de vue de cinq pays, qui vous ont donné un bon aperçu des efforts déployés pour soutenir leurs vétérans. Je tiens à vous féliciter de la qualité des questions posées et d’avoir fait en sorte que ces renseignements puissent être compilés dans votre prochain rapport. Cet ensemble de données probantes fournit à mon Bureau des indications utiles pour mieux comprendre la façon d’améliorer le soutien offert aux vétérans canadiens.

Comme vous l’avez constaté, l’ampleur des efforts que les États-Unis doivent déployer pour soutenir leurs vétérans est énorme en raison de la taille des Forces armées américaines et des différences importantes dans leurs programmes sociaux nationaux par rapport au contexte canadien. Le fait que le Royaume-Uni ne dispose pas d’un ministère des Anciens combattants crée une dynamique très différente sur le plan de la prestation de services aux vétérans par rapport au Canada. Le passé colonial de la France ou la petite taille de la Nouvelle-Zélande créée une perspective différente sur les services offerts aux vétérans. L’Australie est peut-être le pays dont les facteurs de comparaison se rapprochent le plus du contexte canadien en raison de la taille des effectifs des forces armées, de ses programmes sociaux nationaux et de ses enjeux géographiques qui sont similaires à ceux du Canada, mais il y a tout de même des différences importantes dont il faut tenir compte.

Un des problèmes qui se posent lorsqu’on regarde la façon dont d’autres pays soutiennent les vétérans est la manière de reproduire une bonne idée dans notre système déjà complexe. Au cours des dernières années, le Canada a superposé de nombreux avantages pour combler les lacunes sans tenir compte de cette possibilité pour consolider et simplifier les avantages existants. Bien que ces nouveaux avantages aient eu un impact positif pour certains vétérans, cela a accentué la complexité et la difficulté pour les vétérans de s’orienter dans le système. C’est pour cette raison que j’ai recommandé à plusieurs reprises la grande utilité de l’ajout d’un navigateur personnel pour aider les vétérans qui en ont le plus besoin.

Bien qu’il soit utile d’examiner les mesures prises par d’autres pays, mon Bureau demeure préoccupé du fait que ce que nous, en tant que nation, tentons de réaliser pour les vétérans n’est pas clair. Le fait de dire simplement que nous allons répondre aux besoins des vétérans et de leur famille n’est pas suffisant. Qu’entend-on par répondre à leurs besoins?

Par exemple, prenons le cas d’un vétéran qui a subi une blessure liée au service et qui ne peut pas travailler. Nous savons qu’un vétéran qui se trouve dans cette situation a besoin d’un revenu de remplacement. Le remplacement de revenu sert-il uniquement à remplacer le revenu au moment de la libération? Envisageons-nous l’avancement professionnel? Que voulons-nous dire par avancement professionnel? Ce revenu est-il uniquement versé jusqu’à l’âge de 65 ans? Y a-t-il une composante liée à la retraite? Une prestation au survivant? Tentons-nous de reproduire ce que le vétéran aurait pu recevoir s’il avait fait une carrière militaire complète? Ou, s’agit-il d’une allocation de reconnaissance de certains aspects d’une carrière militaire complète, mais qui ne compense pas entièrement la perte de revenus? Comment déterminons-nous le niveau de compensation?

Cet exemple illustre la raison pour laquelle j’ai continué à insister sur des résultats clairement définis relativement aux avantages. Si nous connaissons les résultats que nous devons obtenir pour le vétéran, nous pouvons alors concevoir des programmes qui nous permettront d’atteindre ces résultats. L’approche actuelle à l’égard du remplacement de revenus consiste à améliorer les programmes existants ou à créer de nouveaux programmes sans comprendre vraiment les résultats que nous tentons d’obtenir. Personne n’a pris le temps de définir clairement le niveau de remplacement de revenus qui devrait être offert au vétéran.

En plus de définir les résultats relativement aux avantages offerts, nous devons également définir les résultats de la méthode de prestation de ces avantages. Si nous prenons l’exemple des vétérans sans abri, les autorités locales aux niveaux municipal et provincial sont mieux placées pour répondre aux besoins immédiats de ces vétérans. Par conséquent, nous devons définir la façon dont le gouvernement fédéral collaborera avec ces organismes pour soutenir leurs efforts, de sorte que ces vétérans en crise puissent accéder ensuite aux programmes fédéraux qui leur permettront de sortir de l’itinérance. Grâce à des résultats clairement définis et à l’établissement de partenariats, nous pouvons tirer profit de façon plus efficace de l’expertise d’autres ordres de gouvernement et de tierces parties pour répondre plus efficacement aux besoins immédiats et à long terme des vétérans.

Sans résultats clairement définis, nous ne pouvons pas mesurer la réussite et communiquer efficacement avec les vétérans. En mettant l’accent sur des résultats précis, nous pourrons ensuite nous concentrer sur le soutien dont le vétéran a réellement besoin et nous pourrons communiquer clairement les types de programmes disponibles. Du point de vue des vétérans, cela facilite la compréhension du système.

Pour conclure, comme je le soulignais plus tôt, bien qu’il soit important d’apprendre des autres pour élaborer de nouveaux programmes, il est difficile d’établir des comparaisons directes entre les pays parce que chacun conçoit et administre ses programmes différemment afin de répondre à ses propres besoins, impératifs nationaux et réalités économiques. Ces comparaisons sont plus difficiles à réaliser lorsque nous ne comprenons pas clairement les résultats que nous tentons d’obtenir dans notre propre système.

Nous devons surtout continuer de mettre l’accent sur la recherche de solutions canadiennes à des problèmes canadiens.

Merci.

— 30 —