L’embauche de vétérans à des postes dans la fonction publique

Ottawa ON
Canada

Monsieur le président et membres du Comité :

Je vous remercie de m’avoir invité à comparaître devant vous aujourd’hui et de me donner l’occasion de vous faire part de nos réflexions et observations à propos de la priorité d’embauche des vétérans. Aujourd’hui, je suis accompagné de Sharon Squire, ombudsman adjointe des vétérans.

J’aimerais commencer par vous féliciter d’avoir entrepris cette importante étude. La Loi sur l’embauche des anciens combattants est une mesure législative importante qui, lorsqu’elle est appliquée efficacement, peut permettre d’atteindre un certain nombre d’objectifs importants et très concrets au nom des vétérans et de leur famille.

Du point de vue d’un vétéran, l’embauche prioritaire représente une occasion extraordinaire, car elle permet aux vétérans – qui possèdent un large éventail de compétences et une vaste expérience – de trouver un but dans leur vie après le service et de continuer à servir la population canadienne de façon significative à bien des égards. Pour les vétérans libérés pour raisons médicales, l’embauche prioritaire représente plus qu’une simple occasion; elle représente une obligation, celle que nous avons de veiller à ce que ceux qui ont servi notre pays trouvent un but et atteignent le bien-être dans leur vie après leur service. Il va de soi que nous devons nous acquitter de cette obligation envers les vétérans qui se sont sacrifiés au service de notre pays.

Du point de vue de la fonction publique, l’embauche prioritaire représente une occasion de mettre à profit l’immense talent et l’expérience des quelque 10 000 vétérans, de la Force régulière et de la Réserve, qui quittent les Forces armées canadiennes chaque année. Ce ne sont pas tous ces vétérans qui chercheront des occasions d’emploi dans la fonction publique. Certains se tourneront vers le secteur privé, d’autres vers le secteur des organismes sans but lucratif et d’autres encore vers la fonction publique provinciale ou municipale. Néanmoins, ce groupe talentueux de Canadiens et de Canadiennes est incroyablement précieux. Il s’agit de ressources dans lesquelles le Canada et la population canadienne ont investi considérablement sur les plans des études, de la formation et du perfectionnement professionnel. La fonction publique fédérale, qui cherche à attirer et à retenir les meilleurs et les plus brillants, devrait s’intéresser à ce groupe talentueux de Canadiens et Canadiennes et en tirer parti.

Enfin, l’embauche prioritaire offre au gouvernement fédéral et à sa fonction publique l’occasion de faire preuve de leadership dans le domaine de l’emploi des vétérans. Bien qu’il existe, tant dans le secteur public que privé, un certain nombre d’employeurs qui n’hésitent pas à embaucher des vétérans, ainsi que quelques organisations très dévouées et efficaces qui promeuvent et facilitent l’emploi des vétérans, le gouvernement fédéral, à titre de premier employeur au Canada, est mieux placé que quiconque pour faire preuve de leadership dans ce domaine important et devrait saisir les occasions qui se présentent à cet égard.

À quel point la Loi sur l’embauche des anciens combattants est-elle efficace? Honnêtement, c’est difficile à dire. Ce que nous savons, c’est le nombre de vétérans qui ont posé leur candidature et, dans certains cas, qui ont été nommés à des postes dans la fonction publique. Par exemple, nous savons que depuis juillet 2015, environ 42,8 % – ou 636 – des 1 486 membres des Forces armées canadiennes et vétérans qui ont présenté leur candidature à un poste en se prévalant de leurs droits de priorité prescrits par la loi ont été retenus. Ce que nous ne savons pas, c’est s’il s’agit d’une bonne ou d’une mauvaise nouvelle. Pourquoi? Parce que nous ne pouvons pas comparer ces statistiques avec des cibles clairement définies et qu’il n’existe pas de cadre de responsabilisation qui permettrait d’attribuer clairement la responsabilité de la mise en œuvre efficace de la Loi sur l’embauche des anciens combattants.

Sur le plan tactique, il y a clairement place à amélioration. Permettez-moi d’énumérer les plaintes les plus fréquentes que les vétérans nous ont adressées. Comme je soupçonne que bon nombre d’entre elles, sinon toutes, ont été communiquées au Comité, je ne les aborderai pas individuellement, mais que je serai heureux d’y revenir pendant la période des questions, si vous le souhaitez :

  • Le processus est trop complexe et n’est pas centré sur les vétérans.
  • Les décisions ne sont pas toujours prises en temps opportun, comme en ce qui concerne l’attribution au service.
  • Les membres des Forces armées canadiennes ne sont pas tous au courant du processus d’embauche prioritaire; il y a un manque de sensibilisation.
  • Les membres des Forces armées canadiennes ne sont pas tous prêts à participer à un processus d’embauche prioritaire; on note un manque de formation et d’expérience relativement aux processus d’embauche en général.
  • Sur le plan administratif, les membres des Forces armées canadiennes ne sont pas tous prêts à participer au processus d’embauche prioritaire suffisamment tôt dans le processus de libération, ce qui va dans le sens des points relatifs à la complexité et à l’attribution au service que j’ai déjà mentionnés.
  • Les membres des Forces armées canadiennes en transition ne disposent pas d’un soutien adéquat pour participer efficacement au processus d’embauche prioritaire.
  • Certains vétérans ont signalé un manque de transparence dans le processus, y compris un manque de rétroaction dans les cas d’échec à un concours, ce qui mine la confiance.
  • Il existe des obstacles de longue date à la transposition des compétences, de l’expérience et des connaissances acquises en uniforme en fonction des critères essentiels de la fonction publique.
  • Certains gestionnaires des Ressources humaines ne comprennent pas le processus d’embauche prioritaire tel qu’il s’applique aux vétérans.
  • Certains gestionnaires des Ressources humaines ont une connaissance limitée des Forces armées canadiennes ou une appréciation limitée de ce que les membres des Forces ont à offrir à un employeur.

En conclusion, j’aimerais réitérer notre ferme appui à l’embauche prioritaire des vétérans. Je tiens également à souligner son potentiel, si elle est mise en œuvre efficacement, à aider les vétérans, particulièrement les malades et les blessés, et leur famille, à trouver un but et à atteindre le bien-être dans leur vie après le service. Pour optimiser son efficacité, nous recommandons que le Comité envisage d’approuver les recommandations suivantes :

  • Attribuer des cibles claires aux ministères et organisations.
  • Définir clairement les responsabilités en ce qui concerne l’atteinte des cibles et l’établissement de rapports connexes.
  • Veiller à ce que tous les vétérans qui souhaitent profiter d’occasions d’emploi dans la fonction publique après leur libération soient pleinement en mesure, tant sur le plan personnel qu’administratif, de participer activement au processus d’embauche dès qu’ils obtiennent leur avis de libération.

Je vous remercie. Je serai heureux de répondre à vos questions.

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