Introduction
Le mandat du Bureau de l’ombud des vétérans (BOV) est de faire progresser l’équité pour les vétérans et leur famille. Récemment, le BOV a effectué une analyse documentaire intitulée Women Veterans of the Canadian Armed Forces and Royal Canadian Mounted Police: A scoping review (Les femmes vétérans des Forces armées canadiennes et de la Gendarmerie royale du Canada : une analyse documentaire exploratoire (en anglais seulement; une traduction sera disponible sous peu), [1] publié en octobre 2021 dans le Journal of Military, Veteran and Family Health. L'édition spéciale contient une avant-propos de l'ombud des vétérans Nishika Jardine.
Il s’agit de la première analyse documentaire qui porte sur les femmes vétérans canadiennes et qui intègre des publications non universitaires et des renseignements sur la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Elle est également la première analyse documentaire qui porte sur les femmes vétérans canadiennes dans leur ensemble plutôt que de se concentrer sur un enjeu particulier.
Ce que nous avons fait
Nous avons examiné plus de 3 860 publications et documents gouvernementaux, parmi lesquels 84 satisfaisaient à nos critères d’inclusion :
- 38 étaient liés aux membres actifs des Forces armées canadiennes (FAC) ou de la GRC et permettaient de fournir un contexte et de combler le manque de connaissances;
- 46 comprenaient des renseignements sur les femmes vétérans, mais seulement six se concentraient uniquement sur les femmes vétérans canadiennes.
Ce que nous avons appris
Les femmes vétérans des FAC et de la GRC :
- sont plus susceptibles d’être victimes d’inconduite sexuelle et de discrimination fondée sur le genre que leurs homologues masculins;
- ont tendance à quitter les FAC et la GRC avec moins d’années de service que leurs homologues masculins.
Les femmes vétérans des FAC :
- représentent environ 12 % de tous les vétérans des FAC au Canada et leur moyenne d’âge est de 43 ans;
- affrontent des enjeux en matière de santé physique et mentale différents de ceux des hommes vétérans, notamment des taux plus élevés de douleur chronique et de troubles gastro-intestinaux;
- sont plus susceptibles de penser au suicide ou de se suicider que les femmes de la population canadienne générale, ce qui peut être lié aux affections physiques ou mentales, au soutien social inadéquat et au faible revenu;
- ont des taux d’emploi inférieurs et des revenus moins élevés après la libération;
- ont plus souvent de la difficulté à faire la transition vers la vie civile que les hommes et affrontent des enjeux différents lors de la transition, notamment ressentir une tension entre les attentes sociales différentes à leur égard au sein des FAC et celles à l’extérieur des FAC;
- attendent plus longtemps pour obtenir des décisions relatives aux prestations d’invalidité d’Anciens Combattants Canada (ACC) que les hommes vétérans.
Lacunes dans les recherches canadiennes
- Il faut plus de recherches portant sur les femmes vétérans canadiennes et leurs facteurs identitaires croisés pour comprendre leurs expériences et leurs besoins uniques, surtout ceux des femmes vétérans de la GRC, car pratiquement aucune recherche ne porte sur les expériences et les besoins de ce groupe.
- Les recherches futures devraient comparer les femmes vétérans aux femmes de la population canadienne générale et aux hommes vétérans pour ainsi repérer les enjeux propres à ce groupe.
- Il n’est pas clair si les besoins liés au service des femmes vétérans sont satisfaits, si les femmes vétérans sont traitées de façon équitable par ACC et si elles affrontent des enjeux ou des obstacles uniques au moment d’accéder à des programmes et à des services d’ACC.
- En général, il reste des lacunes dans nos connaissances et davantage de recherches sur les femmes vétérans canadiennes sont nécessaires.
Résumé de l’analyse documentaire
Introduction: : La présente analyse exploratoire recense les publications scientifiques et les documents gouvernementaux au sujet des vétéranes des Forces armées canadiennes (FAC) et de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Elle est unique, parce qu’elle est limitée aux vétérans de sexe féminin au Canada, que l’auteur y a intégré des publications non scientifiques et de l’information sur les vétéranes de la GRC et qu’elle porte sur l’ensemble des publications sur les vétéranes plutôt que sur un enjeu particulier.
Méthodologie : L’auteur a inclus dans la présente analyse les recherches qui citait abondamment les vétéranes des FAC ou de la GRC, puisaient dans des données canadiennes ventilées selon le sexe ou le genre, fournissaient des conclusions novatrices et avaient été publiées avant le 31 décembre 2020. Il a utilisé la théorie ancrée pour effectuer l’analyse.
Résultats : Les vétéranes canadiennes semblent affronter des enjeux physiques et mentaux différents de ceux de leurs collègues masculins et des femmes de l’ensemble de la population (EPC), mais ces enjeux de genre sont sous-étudiés. Par ailleurs, les vétéranes des FAC ont un revenu moins élevé après leur libération et sont plus susceptibles de vivre une transition difficile hors des FAC que leurs collègues masculins. On ne sait pas grand-chose des vétéranes de la GRC.
Discussion : Les publications comportent des lacunes : manque de recherches qualitatives originales, inclusion insuffisante des vétéranes, notamment celles de la GRC, études en population des vétéranes, manque de recherches comparatives entre les vétéranes et les femmes de l’EPC et manque de données sur les besoins des vétéranes et leur utilisation des services.
[1] Poole, M. 2021. « Women Veterans of the Canadian Armed Forces and Royal Canadian Mounted Police: A scoping literature review », Journal of Military, Veteran and Family Health.