Les conjoints de vétérans des Forces armées canadiennes pendant la transition de la vie militaire à la vie civile - Le 21 septembre 2020

Sommaire

Afin de mieux comprendre l’expérience vécue par les conjoints des vétérans des Forces armées canadiennes (FAC) libérés pour raisons médicales et leur rôle en tant que principale source de soutien pendant la transition de la vie miliaire à la vie civile, le Bureau de l’ombudsman des vétérans (BOV) a entrepris une analyse documentaire d’études évaluées par les pairs, études de sources tant universitaires que gouvernementales. Un examen de l’étendue des connaissances a été mené et a permis de repérer 73 articles potentiellement pertinents. Ces articles ont ensuite été peaufinés pour inclure uniquement les recherches publiées après 2006 dans lesquelles il était fait mention des conjoints ou des partenaires et des familles de vétérans des FAC libérés pour raisons médicales.

Les résultats de l’analyse documentaire ont révélé ce qui suit :

  • Les conjoints des vétérans héritent d’une quantité importante de travail non rémunéré et subissent des répercussions négatives sur les plans de la santé physique et mentale, immédiatement avant, pendant et après la libération pour raisons médicales du vétéran;

  • Plusieurs études ont mentionné des répercussions négatives sur la carrière, un isolement social et un sentiment de perte du point de vue des conjoints en raison de la transition de la vie militaire à la vie civile;

  • Selon une étude, les vétérans vivant avec des partenaires ont indiqué des niveaux plus élevés de satisfaction, d’adaptation, de soutien social perçu et une difficulté moindre à la suite de la transition de la vie militaire à la vie civile que les vétérans vivant seuls ou avec des membres de la familleNote de bas de page 1;

  • Une autre étude a décrit le conjoint et la famille comme étant la « force derrière l’uniforme » et a souligné l’importance de ce système de soutien pour le vétéran pendant et après le serviceNote de bas de page 2;

  • Une grande partie de la recherche a mentionné que le nombre de vétérans libérés pour raisons médicales, en particulier ceux atteints de trouble de stress post-traumatique (TSPT), est en hausse au fur à mesure que les membres des FAC sont de plus en plus déployés dans les zones de conflit et de combat de première ligne.

L’analyse conclut qu’il faut poursuivre les recherches pour déterminer la meilleure façon dont le Canada peut aider les personnes qui fournissent un soutien précieux, mais largement non reconnu et non rémunéré, à ses vétérans.

Introduction

La transition de la vie militaire à la vie civile a beaucoup attiré l’attention ces dernières années, et maintenant, l’on met particulièrement l’accent sur les expériences et les besoins particuliers des vétérans libérés pour raisons médicales. Plusieurs programmes et services, provenant de sources gouvernementales et de tierces parties, sont déjà en place, et visent à assurer une transition la plus harmonieuse possible entre la vie militaire et la vie civile, même si les recherches démontrent que les vétérans, surtout ceux qui ont été libérés pour raisons médicales, continuent de se battre.

Des études antérieures, en particulier le rapport publié en 2017 par le Bureau de l’ombudsman des vétérans (BOV) intitulé Faire une transition réussie : une étude qualitative, ont fait ressortir les conjoints et partenaires des vétérans comme étant la principale source de soutien à la vie après la libération en général, ainsi qu’en particulier pendant le processus de transition de la vie militaire à la vie civile. Toutefois, il y a manifestement un manque de recherches axées directement sur les conjoints ou les partenaires. Alors que certaines recherches par sondage sur les vétérans comportent, par exemple, quelques questions sur l’expérience de transition vécue par le conjoint, ces réponses peuvent ne pas refléter fidèlement ni résumer entièrement les opinions et les expériences de leur conjoint ou partenaire. En raison de la nature variée des problèmes de santé physique et mentale pouvant mener à une libération pour raisons médicales, ces vétérans subissent une transition de vie similaire à celle que vivent les civils lorsqu’ils ont une capacité réduite ou sont handicapés, mais avec le stress supplémentaire causé par la transition culturelle de la vie militaire à la vie civile (Rose et coll., 2018). L’expérience des conjoints, à titre de principal soutien aux vétérans, au cours de cette transition permettra au BOV de mieux comprendre les besoins de ce groupe particulier et d’orienter ses futurs efforts afin de formuler des recommandations en matière de recherche ou d’améliorer les programmes et les services destinés aux conjoints et aux familles des vétérans.

Méthodes

Une méthode d’examen de l’étendue des connaissances a été utilisée pour déterminer rapidement l’état général de la recherche portant sur la transition de la vie militaire à la vie civile et les conjoints des vétérans, en particulier des études menées au Canada. Aucune analyse documentaire n’a été publiée sur ce sujet nouveau peu étudié, c’est la raison pour laquelle un premier examen de l’étendue des connaissances était particulièrement approprié. Ce type d’examen est indiqué lorsque l’intention principale est de [traduction] « cerner les lacunes de la recherche… [en] tirant des conclusions de la documentation existante sur l’état général de l’activité de recherche » (Arksey et O’Malley, 2005, p. 21). Arksey et O’Malley (2005) ont établi cinq étapes pour une analyse documentaire, à savoir préciser la question de recherche, rechercher des études pertinentes, déterminer et appliquer divers critères afin de restreindre la sélection des études, consigner les données, puis rassembler, résumer et déclarer les résultats.

1. Préciser la question de recherche

L’établissement de la question de recherche initiale a été guidé en grande partie par l’étude menée en 2017 par le BOV sur les déterminants de la réussite de la transition des vétérans des Forces armées canadiennes libérés pour raisons médicales. Cette étude a révélé que les conjoints constituaient l’un des principaux soutiens énumérés par les vétérans qui se sont identifiés comme ayant réussi la transition de la vie miliaire à la vie civile. Par conséquent, l’analyse actuelle porte essentiellement sur les conjoints de vétérans vivant une transition, ou qui l’ont vécue, et a comme deuxième centre d’intérêt les vétérans canadiens libérés pour raisons médicales après 2006. L’objectif était de déterminer le paysage de la recherche sur les conjoints de vétérans, puis d’établir la somme de cette recherche, le cas échéant, qui a été menée au Canada. La question de recherche qui a orienté l’analyse était la suivante : « Que nous apprend la recherche sur les conjoints et partenaires des vétérans canadiens libérés pour raisons médicales entre 2006 et 2016 et sur leur expérience vécue de la transition de la vie militaire à la vie civile, et quels sont les besoins en matière de soutien et de services de ce groupe? » L’un des éléments qui a compliqué l’analyse a été l’absence de consensus sur une définition de « transition réussie », et certaines des recherches ont laissé entendre que les vétérans et leurs conjoints ou partenaires peuvent avoir une définition très différente de « transition » et « réussie »; chaque article de l’analyse a été lu et évalué en tenant compte de cette mise en garde.

2. Rechercher des études pertinentes

Afin de brosser un tableau de la portée générale de la recherche sur les conjoints des vétérans, nous avons commencé par chercher toutes les études portant sur les conjoints publiées après 2006. Les bases de données et les revues spécialisées utilisées comprenaient Google Scholar, le Journal of Military, Veteran and Family Health, le site Web de la Direction de la recherche d’Anciens Combattants Canada (ACC) et l’Institut Vanier de la famille, avec le ou les termes de recherche initiaux « spous* » (conjoint*), « Veteran spouse » (conjoint de vétéran) le cas échéant, et « transition ». Ce point de départ plus vaste de la recherche a révélé un article récent important publié par l’American Scholarship, qui constitue un appel à l’action pour de futures recherches axées sur les conjoints de vétérans pendant la transition de la vie militaire à la vie civileNote de bas de page 3. Par exemple, une recherche manuelle pour « spous* » (conjoint*) a également été effectuée par l’entremise du journal spécialisé clé Military Behavioral Health afin de déterminer des travaux de recherche qui auraient pu être oubliés dans le cadre d’autres recherchesNote de bas de page 4. L’analyse documentaire actuelle vise également à encourager la recherche sur les conjoints de vétérans pendant la transition de la vie militaire à la vie civile, en mettant l’accent sur les conjoints des vétérans des FAC.

3. Sélectionner les études

Des critères d’exclusion et d’inclusion ont été élaborés simultanément afin de classer les études par pertinence et ont suivi l’intention de découvrir l’étendue de la recherche canadienne sur les conjoints des vétérans, en tenant compte de considérations supplémentaires sur le processus de transition et la libération pour raisons médicalesNote de bas de page 5. Sur les 73 premières publications recensées, 62 méritaient une lecture plus approfondie. La fréquence de la mention de conjoint a constitué la première mesure d’exclusion et, par la suite, les entrées ont été lues en fonction du contexte et de la pertinence des mentions de conjoint. Cinquante-deux entrées ont été éliminées et sur les 10 études restantes, seules deux ont été jugées comme ayant satisfait à tous les critères dans la plupart des sens, même si aucune ne portait exclusivement sur les conjoints de vétérans.

Figure 1 : Sélection des études
 

4. Consigner les données

Nous avons procédé à l’examen, au tri et à l’extraction des données en tenant compte des questions et des thèmes clés selon une approche similaire à l’examen de l’exposé des faits, qui présente plus largement les résultats de l’étude, et les met en contexte, afin d’optimiser la compréhension du lecteur (Arksey et O’Malley, 2005). Chaque entrée a été consignée avec les renseignements extraits suivants : auteur, année, titre, type de document (chapitre de livre, article, etc.) et format (c.-à-d. revue, étude qualitative, etc.).

Résultats

Les résultats confirment le manque de documents sur le sujet des conjoints de vétérans, ce que l’on soupçonnait. Les quelques études portant sur les conjoints de vétérans canadiens ne se penchent pas précisément sur le processus stressant et exigeant de la transition de la vie militaire à la vie civile vécue par les partenaires des vétérans des Forces armées canadiennes libérés pour raisons médicales.

Sur les 62 études qui se sont révélées prometteuses à la suite du recensement initial de 73 études, la plupart se concentrent sur l’unité familiale du vétéran ou du militaire/vétéran dans son ensemble, ou sur les conjoints de membres actifs des FAC. Dix-neuf études portent sur les familles de militaires, cinq sur les familles de vétérans et 10 sur les familles de militaires et de vétérans. Ces données démontrent une tendance établie d’un intérêt pour la recherche sur les familles de militaires et de vétérans dans leur ensemble, même si elles indiquent également que les études portant exclusivement sur les conjoints, en particulier les conjoints de vétérans, continuent d’être rares et à de longs intervalles.

En dehors des 10 principales études recensées, 10 autres portent spécifiquement sur les conjoints de militairesNote de bas de page 6 ou de vétérans, et parmi ce nombre, une porte sur les conjoints des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Australie et de l’Iran, une porte uniquement sur les conjoints de militaires britanniques, trois ne se penchent que sur les conjoints de militaires canadiens et cinq examinent uniquement les conjoints d’Américains. Ce qui montre que la majorité des recherches sur les conjoints de militaires ou de vétérans se fait aux États-Unis, et qu’une grande partie des recherches menées au Canada porte sur les conjoints de militaires et non spécifiquement sur la transition ou sur les vétérans. Neuf études sur 62 portent principalement sur la transition ou la libération pour raisons médicales.

Parmi les 10 principales études, cinq2,5,6,7,8 portent de façon significative sur la transition de la vie militaire à la vie civile ou sur la libération pour raisons médicales, même si deux6,7 d’entre elles prennent la forme d’examens et d’analyses des recherches existantes. Parmi ces 10 études, quelques-unes (30 %, n 3) sont quantitatives3,5,7, la majorité (50 %, n 5) sont des études qualitatives principalement fondées sur des entrevues1,2,8,9,10, et deux sont des analyses documentaires4,6. Deux1,9 des 10 principales études tirent leurs résultats directement d’échantillons de conjoints de vétérans, deux2,10 s’appuient sur les résultats d’échantillons composés en grande partie de conjoints de vétérans ou de militaires, une3 étude s’appuie sur des résultats d’un échantillon de conjoints des FAC et une8 étude, des vétérans et des membres des FAC qui doivent être libérés pour raisons médicales dans les 24 mois suivant l’étude, et leurs principaux aidants, dont la majorité était les conjoints. Les quatre autres études parmi les 10 principales, celles qui ne s’appuient pas directement sur les résultats provenant de conjoints, ont la forme d’un examen de l’étendue des connaissances ou d’une analyse documentaire4,6, ou sont des études quantitatives fondées sur des recherches menées antérieurement5,7.

Le tableau ci-dessous (figure 2) décrit la taille des échantillons de participants et la forme sous laquelle l’information a été recueillie à partir des six1,2,3,8,9,10 études provenant des 10 principales études qui ont obtenu des résultats directement de divers conjoints. En excluant momentanément les études qui ne s’appuyaient pas directement sur les conjoints, nous pouvons clairement constater que les recherches canadiennes antérieures sur les conjoints militaires et vétérans se sont limitées en grande partie à de petits échantillons. En outre, les études sont principalement axées sur les effets du TSPT ou de la prestation de soins sur les conjoints et les familles.

Figure 2 : Dix études principales s’appuyant sur des résultats provenant directement des conjoints

Numéro de référence de l’étude / Nombre et composition des participants*

1)  7 conjoints/partenaires de vétérans des FAC interrogés

2)  Phase 1) 26 membres de la famille de vétérans des FAC interrogés, dont 22 conjoints
     Phase 2) 7 conjointes, 1 conjoint et 1 mère dans trois groupes de discussion

3)  1 661 conjoints de membres des FAC interrogés

8)  56 participants interrogés : 31 membres ou vétérans des FAC; 11 aidants;**

9)  8 conjoints de vétérans interrogés

10)  17 personnes interrogées : 1 membre de la famille, 1 vétéran des FAC et 15 conjoints de militaires des FAC

*Sauf indication contraire, les conjoints sont des femmes.
**L’étude ne fournissait pas de précision autre que le fait que la majorité des aidants étaient des conjoints.

Les études et les analyses des 10 principales sélections ont toutes été publiées entre 2009 et 2019, même si la majorité (7 0%, n 7) l’ont été en 2018-2019. La plupart des études sont assez récentes et prennent la forme de recherches qualitatives primaires, ce qui indique un manque de données quantitatives à grande échelle sur ce sujet.

Il convient de noter que la plupart des études, qui traitent de la difficulté de la transition de la vie militaire à la vie civile et des répercussions sur les conjoints, portent en grande partie sur des situations où le vétéran a un ou plusieurs problèmes de santé mentale, qui peuvent ou non s’ajouter à une blessure physique. Toutes les études principales mentionnent plusieurs éléments communs lorsqu’elles traitent des effets de la transition de la vie militaire à la vie civile sur les conjoints des vétérans. Par exemple, un élément qui a reçu beaucoup d’attention est le fardeau de la prestation de soins reposant sur des personnes non formées et mal préparées, et les répercussions considérables qu’il impose au conjoint et à la famille, ce qui peut contribuer aux problèmes de santé mentale. Lorsque le vétéran est libéré pour raisons médicales et est atteint d’une maladie mentale, comme le trouble de stress post-traumatique (TSPT), des coûts sont associés au maintien d’une relation étroite avec le vétéran, même si le conjoint ne s’identifie pas fortement comme « aidant ». Ainsi, une étude a indiqué que [traduction] « les conjoints des vétérans peuvent eux-mêmes développer des symptômes de traumatisme, éprouver un niveau de stress élevé, porter le fardeau des aidants et éprouver un traumatisme secondaire » (Turgoose et Murphy, 2019, p. 195). Faisant principalement référence aux conjoints, une étude a décrit les personnes qui offraient des soins aux vétérans comme « la force derrière l’uniforme », et a constaté que le fait de fournir des soins aux militaires et aux vétérans atteints d’une maladie mentale « peut s’avérer particulièrement éprouvante […] en plus d’accroître le risque ou l’étendue de leur propre détresse psychologique, en raison de la dépendance accrue du militaire à leur égard pour les tâches et le soutien cognitif ou émotionnel » (Skomorosvky et coll., 2019, p. 3).

Des recherches récentes ont démontré que les conjoints de vétérans fournissent une aide considérable et sont les principaux partisans et facilitateurs de la transition de la vie militaire à la vie civile de leur partenaire vétéran. Dans l’étude menée en 2017 par le BOV sur la transition réussie14, les participants vétérans ont indiqué que leurs conjoints étaient les sources de soutien les plus importantes pour la transition (BOV, 2017, p. 8)Note de bas de page 7. Dans une étude commandée en 2018 par Anciens Combattants Canada, Kelly Schwartz a indiqué que, dans son analyse de l’Études sur la vie après le service militaire (EVASM), 2016, 86 % des personnes vivant dans un ménage composé de « vétérans et partenaires seulement » ont indiqué être satisfaites de leur vie actuelle dans son ensemble, par rapport à 76 % des personnes vivant dans un ménage composé de « vétérans seuls » (Schwartz, 2018, p. 21). La même étude a également mis en évidence diverses différences importantes sur les plans du bonheur, de la perception du succès, du soutien social et du lien avec la collectivité chez les vétérans vivant avec leur conjoint ou partenaire et chez ceux vivant seuls. Les vétérans qui vivent seuls sont beaucoup plus susceptibles d’éprouver des difficultés pendant et après la transition de la vie militaire à la vie civile, et un vétéran sur six (17 %), parmi ceux qui n’ont pas encore de relation, a indiqué son ancien conjoint ou partenaire en réponse à la question portant sur une personne vers laquelle il peut se tourner en cas d’urgence (Schwartz, 2018, p. 23); cela souligne le rôle que jouent les partenaires passés et présents dans le soutien aux vétérans.

Après avoir examiné la documentation existante, les thèmes suivants ont émergé au sujet des répercussions de la transition de la vie militaire à la vie civile et de la prestation de soins sur les conjoints de vétérans :

Figure 3 : Des 10 premières études : Répercussions de la transition de la vie militaire à la vie civile et de la prestation de soins sur les conjoints de vétérans

Répercussions de la transition de la vie militaire à la vie civile et de la prestation de soins sur les conjoints de vétérans

  1. Fierté envers le service du vétéran, mais aussi chagrin et perte par rapport à la personne qu’il était avant la maladie ou la blessure, ou de la personne qu’était le conjoint avant d’assumer le rôle d’aidant.
  2. Répercussions négatives sur la carrière pendant le service, la transition et après le service.
  3. Répercussions négatives sur la santé mentale et physique du conjoint.
  4. Anticipation des besoins du vétéran et adaptation constante à ceux-ci, et gestion des symptômes, y compris possibilité de changements radicaux dans la participation sociale.
  5. Difficultés à maintenir ou à établir de nouvelles amitiés en raison de l’isolement, des circonstances ou du manque de compréhension de la culture militaire.
  6. Persistance de la stigmatisation à l’égard de la maladie mentale ou de la recherche d’aide, malgré les progrès récents.
  7. Manque de sensibilisation suffisante à l’égard de la transition de la vie militaire à la vie civile et des services à la disposition des vétérans et de leur famille.

Discussion

Des études réalisées récemment révèlent une tendance faible, mais croissante, à recueillir des renseignements sur les conjoints directement auprès de ceux-ci, plutôt qu’indirectement au moyen de rapports de vétérans. Les conjoints apportent un point de vue utile et offrent probablement une perspective que leurs partenaires vétérans n’ont pas. Les résultats de l’analyse documentaire confirment que, même si les conjoints et les partenaires de vétérans canadiens représentent le principal soutien au cours de la transition de la vie militaire à la vie civile, ils forment un groupe sous-étudié ne recevant pas un soutien adéquatNote de bas de page 8. Le nombre de vétérans libérés pour raisons médicales augmente depuis 2013, par conséquent, le soutien aux vétérans, à leurs conjoints et à leur famille sera une question de plus en plus importante. Des études menées au Canada ont permis de déterminer un certain nombre de problèmes et de difficultés auxquels sont confrontés les conjoints de vétérans libérés pour raisons médicales et en transition, mais dans une large mesure, elles n’ont pas proposé de solutions autres que l’amélioration générale des programmes ou des services de santé mentale existants pour les conjoints. Pour aller de l’avant, il faudrait mener d’autres recherches et tenir compte des programmes et services actuellement offerts à ces conjoints et partenaires, dans le but de concevoir de nouveaux soutiens ou de promouvoir les soutiens actuels, qui sont liés aux domaines de la santé mentale, de la planification financière, des outils de prestation de soins et du renforcement communautaire.

Compte tenu de l’état actuel du domaine, il n’existe pas assez d’études canadiennes portant sur les conjoints et partenaires de vétérans, et il faut mener un plus grand nombre de recherches quantitatives afin de déterminer avec précision les obstacles à la réussite au moment de la transition, et immédiatement après celle-ci, tant pour le vétéran que pour la personne qui est souvent son principal soutien, à savoir son conjoint ou partenaire. À l’échelle internationale, il existe une quantité modérée de données extrapolées d’études plus vastes, dont le but initial n’est pas de se concentrer sur les conjoints. Presque toutes les études sont d’origine américaine et aucune recherche n’a encore porté sur les vétérans célibataires, sur les conjoints ou partenaires de vétérans ou sur les vétérans membres des minorités visibles. En général, la recherche sur la transition de la vie militaire à la vie civile est freinée par une incohérence au chapitre de la définition de transition réussie, y compris de la durée de la transition, de sorte que les travaux sur les conjoints de vétérans en tant que participants et soutiens de la transition deviennent plus complexes. Très peu d’études canadiennes portent spécifiquement sur les vétérans libérés pour raisons médicales et sur leurs conjoints, même si certaines études portent sur les conjoints des membres des FAC de même que sur le déploiement, la réinsertion, les affections ou les blessures temporaires (c.-à-d. avant la libération), et que plusieurs études internationales sur les conjoints des vétérans se concentrent sur les effets à court et à long terme des traumatismes liés au stress opérationnel.

Conclusion

Les études sur les conjoints et les partenaires des vétérans canadiens, en particulier celles provenant directement des conjoints et des partenaires, par opposition aux études qui les incluent aux discussions sur les vétérans ou leurs familles, représentent une petite partie des recherches menées récemment sur la transition de la vie militaire à la vie civile. En particulier, il faut poursuivre les recherches au Canada sur les conjoints de vétérans libérés pour raisons médicales pendant et après la transition de la vie militaire à la vie civile, car ce groupe vit des problèmes plus importants et complexes que leurs homologues, qui sont régulièrement libérés et prennent leur retraite.

Parmi les dix premiers résultats de l’analyse documentaire, la plupart des recherches ont révélé que les conjoints de vétérans héritent d’une quantité importante de travail non rémunéré et subissent des répercussions négatives sur les plans de la santé physique et mentale immédiatement avant, pendant et après la libération pour raisons médicales du vétéran. Plusieurs études ont mentionné des répercussions négatives sur la carrière, un isolement social et un sentiment de perte du point de vue des conjoints en raison de la transition de la vie militaire à la vie civile. Selon une étude, les vétérans vivant avec des partenaires ont indiqué des niveaux plus élevés de satisfaction, d’adaptation, de soutien social perçu et une difficulté moindre à la suite de la transition de la vie militaire à la vie civile que les vétérans vivant seuls ou avec des membres de la familleNote de bas de page 9. Une autre étude a décrit le conjoint et la famille comme étant la force derrière l’uniforme et a souligné l’importance de ce système de soutien pour le vétéran pendant et après le serviceNote de bas de page 10, et une grande partie de la recherche a mentionné que le nombre de vétérans libérés pour raisons médicales, en particulier ceux atteints de TSPT, est en hausse au fur et à mesure que les membres des Forces armées canadiennes sont de plus en plus déployés dans les zones de conflit et de combat de première ligne. D’autres recherches doivent être menées afin de déterminer de quelle manière le Canada peut le mieux aider les personnes qui fournissent un soutien précieux, mais largement non reconnu et non rémunéré, à nos vétérans.

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